« Refusant ce Dogme (trinitaire) je crois à un Esprit, à une Transcendance. Mais sous quelle forme ? L’homme du futur devra être celui du Cosmos, d’une surhumanité spirituelle. Nous souffrons d’un dépérissement de l’intelligence et d’un manque de spiritualité. L’intelligence peut être poussée dans ses retranchements, ramifiée. Cent milliards de neurones, quel capital! (…) Cet acquis neurologique de l’homme reste souvent en sommeil. L’État sait anesthésier le peuple, le rendre plus malléable. Toutes sortes de drogues lui sont administrées : télévision, vidéothèque, informatique, sans oublier le tabac et l’alcool qui remplissent les caisses des gouvernements. Il est bien sûr indiqué sous le poison « dangereux pour la santé », et « à consommer avec modération ». Les gouvernements laissent croire qu’ils se préoccupent de la santé de leurs peuples. Ces intoxications mentales et physiologiques font oublier l’essentiel au citoyen, tel l’avenir de l’homme.
J’en conviens, il faut être très fort, un résistant, pour rester debout dans un tel monde et aller toujours de l’avant. Il est de notre devoir, dès la naissance, de constituer un maillon de la chaine. Mais le citadin, souvent usé par l’ennui, doit lutter contre l’égoïsme et trouver, tout de même, une exaltation, une transcendance. Je n’aime pas l’élitisme, mais j’aime encore moins la soupe quotidienne servie au peuple. Et je repense toujours à mon immense privilège : faire un métier qui me plaît quand tant d’êtres, par nécessité, exercent une profession qui les ennuie et, par conséquent, les use. »
Théodore Monod, in « Le chercheur d’absolu », folio 1997.
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